Fondé en 2016, notre atelier est le fruit d’un parcours mêlant horlogerie et micromécanique.
Dès le début, nous avons compris qu’il existe de nombreuses manières de fabriquer un objet et que certaines ne nous conviennent pas.
Chaque approche apporte ses avantages et ses limites, et il nous a fallu apprendre à choisir celle qui correspond à notre vision et à nos contraintes.
Prenons l’exemple de la fabrication d’une montre.
On peut l’aborder de deux façons très différentes. La première consiste à n’utiliser que des techniques anciennes, fidèles aux gestes et aux méthodes des artisans du passé. La seconde consiste à s’appuyer uniquement sur des méthodes modernes, faisant appel à la technologie et aux machines commandées par ordinateur.
Les techniques modernes se caractérisent par leur précision extrême et par leur dépendance à la technologie.
Les machines, pilotées par ordinateur, permettent des productions exactes et rapides, mais elles nécessitent un investissement matériel important et un accès constant à des outils sophistiqués.
Leur coût de mise en place est souvent élevé et leur utilisation peut créer une dépendance aux systèmes et à la maintenance technique.
Les techniques anciennes, en revanche, reposent sur le savoir-faire manuel et sur la maîtrise d’outils fabriqués ou adaptés par l’artisan lui-même.
Ces instruments, souvent robustes et simples, exigent une pratique répétée pour atteindre la précision nécessaire.
Les outils anciens sont rares, parfois coûteux et ne sont plus produits, ce qui rend leur acquisition et leur entretien un défi.
Ces méthodes demandent une implication totale de l’artisan ainsi qu’un travail patient et minutieux.
Chaque approche a ses limites. Les techniques modernes peuvent être coûteuses et éloigner l’artisan du geste manuel, tandis que les techniques anciennes exigent du temps, de l’énergie et une dépendance aux outils qu’il faut créer et entretenir.
Il nous est apparu nécessaire de trouver un équilibre, une voie qui combine rigueur et autonomie.
Dans notre pratique, nous avons choisi d’utiliser des outils simples, fabriqués par nous-mêmes.
Cette approche nous permet de rester libres et créatifs tout en restant fidèles à un savoir-faire artisanal.
Elle s’inspire directement des horlogers médiévaux, qui devaient concevoir et fabriquer eux-mêmes la plupart des instruments dont ils avaient besoin pour travailler.
Ces artisans étaient à la fois créateurs d’outils et utilisateurs, ce qui leur donnait une maîtrise complète de leur art.
L’histoire de l’horloger médiéval est riche et révèle un savoir-faire fascinant.
Avant de devenir un métier à part, l’horloger appartenait au corps des serruriers et partageait avec eux les gestes de la forge et de la mécanique.
Les premières horloges étaient réalisées en acier forgé à l’aide d’outils simples.
La maîtrise de ces instruments était essentielle, car chaque pièce devait s’intégrer parfaitement dans le mécanisme global.
Cette approche nous inspire profondément et guide nos méthodes de travail, même dans la création d’objets miniatures contemporains.
Image traitée, dont l’original est issu de la Bibliothèque municipale de Lyon (A16AMM000371), L’Horloger par Jost Amman.
La forge occupe une place centrale dans notre pratique, car elle relie notre travail actuel aux savoir-faire anciens.
Comme le décrit Diderot : « Forger, c’est battre sur l’enclume un métal avec un marteau. On forge à froid et à chaud. »
Chaque geste, chaque frappe influence la forme et la solidité de la pièce.
Contrairement aux artisans médiévaux qui travaillaient souvent en équipe, nous travaillons seuls.
Cette solitude impose certaines contraintes : certaines techniques à grande échelle ne peuvent pas être reproduites et le forgeage de grandes pièces demande beaucoup d’efforts et de temps.
C’est pourquoi nous nous concentrons sur les objets miniatures. Ce format réduit les contraintes physiques tout en maintenant l’exigence technique et artistique.
Pour forger, quelques outils sont indispensables.
L’enclume, en acier ou en pierre, sert de support pour le travail du métal.
Le marteau, avec un manche en bois et une tête adaptée, permet de donner forme et précision.
Une source d’air, souvent un soufflet en bois et en cuir, alimente le foyer à charbon, lui-même construit en terre et en argile pour chauffer le métal.
Ces outils simples, conçus et entretenus par nos soins, deviennent les prolongements de la main et facilitent la maîtrise des gestes.
Nous travaillons avec des matériaux variés : acier, bois, argile, cuir, cuivre et bronze.
Chacun d’entre eux est choisi pour sa qualité, sa capacité à se transformer et sa compatibilité avec le travail miniature.
Ces matériaux sont à la fois utilisés pour fabriquer les outils et pour créer les objets eux-mêmes, assurant une cohérence entre les instruments et les pièces réalisées.
Une présentation détaillée de nos créations est disponible dans la page « Spécialités » de notre site. Les outils, les matériaux et leurs particularités sont également présentés dans la section « Journal », offrant une vision complète de notre univers et de nos méthodes.
Cette approche permet de comprendre la relation entre le geste, l’outil et la matière et de saisir l’importance de chaque étape du processus artisanal.